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Les cyclistes, ces nouveaux rois du bitume ?

Dernière mise à jour : 16 mars

Marquage de vélo au sol
Crédit : Pexels
La France émule des Pays-Bas ? En 2023, près de 7 millions de Français ont utilisé leur vélo au quotidien. Pour aller au travail ou se déplacer en ville, les cyclistes de l’Hexagone voient leur communauté s’agrandir d’année en année, notamment grâce à l’État qui appuie sur la pédale des investissements. Mais le vélo pourra-t-il un jour remplacer l’automobile ? Analyse.

Trajectoire verte. Couplées à un objectif écologique programmé sur le long terme, les actions que mènent les gouvernements successifs depuis 2018 vont toutes dans le même sens : entériner la pratique du vélo dans le quotidien des Français. Puisque l’empreinte carbone d’un déplacement à coups de pédales est nulle, alors que celle d’une voiture est (évidemment) beaucoup plus importante. En France, la moitié des déplacements en automobile se fait sur des trajets d’à peu près cinq kilomètres. Et sur cette même distance, la comparaison du bilan carbone est sans équivoque : zéro gramme de CO₂ émis pour le vélo contre plus d’un kilogramme pour la voiture.


Pour ces raisons, la bicyclette devient ainsi un moyen de transport plébiscité par l’État qui, de son côté, assume son rôle de premier investisseur. Une politique qui a commencé en 2018 lors du Plan vélo et mobilités actives lancé par Édouard Philippe, alors Premier ministre de l’époque. Ce premier grand investissement public consistait à jeter les bases d’un développement des infrastructures cyclables à travers le pays, de mettre en place les premières aides à l’achat de vélos et de former les usagers à l’utilisation des biclous tout en les sensibilisant à la sécurité routière.


Même si les volets pratique, économique et écologique restent très importants pour les usagers, la question de la sécurité est dans la tête de tous les cyclistes avant d’enfourcher leur vélo. Et l’actualité ne manque pas de rappeler les enjeux qui existent toujours autour de cette thématique. Puisque chaque accident inquiète la communauté de cyclistes, qui se mobilise de plus en plus pour faire entendre leur voix. Le dernier drame en date est celui d’un jeune cycliste tué à Paris en octobre 2024 après avoir été écrasé par une voiture. Peu de temps après cet accident, des associations de cyclistes ont été reçues par le ministre des Transports pour évoquer la question de la sécurité à vélo. Relançant ainsi le débat sur les dispositifs manquants qui permettraient de mieux protéger les usagers de ces deux roues.


L’enjeu majeur de la sécurité routière


Neuf fois sur dix, une collision mortelle entre un tiers et un cycliste implique un véhicule motorisé. Même si les statistiques ont tendance à baisser au fil des années — ce qui est dû aux investissements publics dans la sécurité qui commencent à porter leurs fruits — 41 % des usagers français ne se sentent pas en sécurité à vélo. Il faut dire aussi que dans l’Hexagone, 95 % des usagers de la route ont toujours peur du comportement à risque des autres.


Mais l’État compte bien réagir. Avec un nouveau plan d’investissements qui court jusqu’en 2027, le montant total des deniers publics accordés au développement du vélo s’élève à plus de 2,4 milliards d’euros. Et la thématique de la sécurité est explicitement abordée dans le dernier communiqué officiel qui détaille ce nouvel investissement. L’objectif : améliorer la vie des cyclistes tout en préservant leur intégrité physique. De manière concrète, l’État mise sur une adaptation du code de la route pour garantir plus de sécurité aux cyclistes, mais aussi aux piétons.


Si de nombreux usagers demandent plus d’investissements et moins de communication, cette dernière n’est pas sans intérêt. Dans une enquête du cabinet de sondages Ipsos, 44 % des cyclistes reconnaissent ne pas s’arrêter aux feux rouges. Une étude qui prouve que tout comportement est susceptible de causer un danger pour soi ou pour autrui. C’est ainsi que les campagnes de sensibilisation jouent un rôle important. L’État compte bien voir les entreprises faire leur part du travail en matière de communication en augmentant les séances de formation et de sensibilisation à la sécurité routière en interne.


Vers plus de vélos et moins de voitures ?


À ce sujet, beaucoup de Français sont encore dépendants de leur véhicule. La voiture reste le premier moyen de transport en France. Pour arriver à une solution écoresponsable, l'État français mise sur des alternatives aux transports polluants. Des solutions qui se remarquent depuis le terrain. Puisque certains ruraux travaillant en ville commencent à s’y mettre. C’est le cas de Jérôme, originaire de Montpellier, qui habite désormais à Aniane, petit village dans l’Hérault. Cet habitué des trajets Aniane-Montpellier n’utilise quasiment plus sa voiture aujourd’hui et se rend au travail en bus et en trottinette électrique. Quand on lui demande comment ce changement s’est opéré, il nous répond que la région Occitanie a mis le paquet sur le développement de la mobilité douce. Et d’ajouter que c’est désormais aux Occitans de s’en saisir.


Cette trajectoire écoresponsable ne se limite pas qu’à cette region du Sud, mais bien à toute la France. Voire dans toute l’Europe. Puisque dans une décision rendue par le Parlement européen en 2022, plus aucune voiture thermique ne sera commercialisée sur le Vieux Continent en 2035. Une chasse aux engins polluants qui est loin de faire l’unanimité en France.


Inégalités territoriales


De nombreux espaces géographiques français et européens ne sont pas encore adaptés à l’utilisation quotidienne du tout vélo, transport en commun, voire de la voiture électrique. Et si cette décision de stopper la production de voiture thermique marque un tournant majeur à l’échelle européenne dans la trajectoire écologique qu’elle appelle de ses vœux, la question des offres alternatives de transport et de la praticité des mobilités douces reste centrale pour les pays européens. Et l’État français n’en n’est pas exempté. Les gouvernements successifs s'en rendent compte. Notamment au sujet l’achat de voiture électrique qui reste encore marginal dans l’Hexagone principalement à cause du manque d’infrastructures ad hoc criant dans les territoires ruraux.


Résultat d'une politique globale faisant (presque) omission de réels problématiques encore irrésolues : les tensions montent, petit à petit, entre le camp des citadins et celui campagnards. Un résumé peu éloigné tout compte fait des réelles tendances politiques du territoire national élections après élections (voir l’Archipel français, Jérôme Fourquet). Les premiers honnissent de plus en plus la voiture, mais en sont beaucoup moins dépendants grâce à l’efficacité des transports en commun dans les villes grâce aux moyens alloués par l’État. Les seconds ne peuvent pas se déplacer autrement qu’en voiture, faute d’investissements publics, mais aussi de distance et du manque de praticité qu’offre le vélo.


Paradoxalement, le nombre d’usagers français de vélo est supérieur hors agglomération urbaine. Une donnée peu en clin à fausser les tendances générales, puisque les habitants des campagnes et bourgs modestes utilisent leurs bicyclette pour faire des trajets de plaisance dans leur grande majorité. Qui plus est pas forcément quotidiens.


Même si le vélo est sur une bonne lancée - surtout dans les villes et zones géographiques d’investissements publics conséquents -, il n’est pas encore le roi incontesté de l’asphalte. Les risques sécuritaires qui pèsent autour de son utilisation font des Français l’un des peuples d’Europe les plus anxieux à l’idée de grimper sur une bécane à pédales. Côté politique, et malgré ses avantages non négligeables, le vélo tend à devenir, chaque jour un peu plus, ce totem brandi ou honni de ces deux catégories d'habitants - urbains et ruraux - qui ne se comprennent plus et qui projettent de ne pas aller dans la même direction. Les uns en voiture et les autres à bicyclette…

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