Véganisme : vers une (r)évolution de la consommation

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L'an 1944 voit naître le terme végan, en Angleterre. On le doit à Donald Watson, cofondateur de la Vegan Society et précurseur de ce mode de vie. 80 ans après sa naissance, le véganisme a-t-il réussi à convaincre ?

Platon était un militant végan. Du moins, c'est bien l'idéal de société qu'il prônait. Entre le quatrième et le troisième siècle avant la naissance de Jésus-Christ, le philosophe grec plaidait pour que les Hommes ne consomment pas de viandes animales. Bien que d'autres penseurs helléniques ou religieux issus des confins de l'Inde actuelle défendaient - peu ou prou - le même idéal, le véganisme global était bien loin de voir le jour. Et le chemin à parcourir avant qu'il ne devienne un mode de vie était encore très long…

René Descartes ou l'ennemi des végans

Le véganisme s'est construit en opposition à ses contradicteurs. Et Descartes en faisait partie. Puisque le philosophe français affirmait que la nature se devait d'être contrôlée par l'Homme, car inférieure à lui. Même traitement pour les animaux, mais de manière différente. La phrase, devenue très célèbre, de Descartes permet de comprendre sa pensée : "Je pense donc je suis. Si je ne pense pas, c'est que je n'existe pas." En réalité, le philosophe avançait l'idée que la seule chose dont on ne peut pas douter, c'est bien le fait que l'on doute. Alors si l'on doute, l'on pense et si l'on pense, l'on est. Pour lui, il est impossible de savoir si les animaux doutent, donc comment savoir s'ils sont ? Et s'ils ne sont pas, ils n'ont ainsi pas la même importance qu'un Homme et peuvent être traités de manière moindre : battus, consommés, élevés en bétail, destinés à mourir sans autre choix ni échappatoire… Mais pas de panique, puisqu'ils ne sont pas !

Descartes ne s'est, en conséquence de sa pensée, pas fait de futurs amis chez les végans. Lors de l'avènement de la Végan Society, en 1944 au Royaume-Uni, l'association cofondée par Donald Watson défend tout l'inverse du philosophe français : respect de la nature, protection de la cause animale, égalité des formes de vie sur terre… La structure de Watson est une émanation de la Végétarian Society, créée en 1847. À une différence près : Watson milite pour un végétarisme augmenté qu'il nommera véganisme. Il exclut d'emblée toute consommation animale, alimentaire et hors alimentaire. Et c'est à partir de cette année 1944 que, ce qui deviendra un phénomène mondial le siècle suivant, se transforma en un mode de vie à part entière, avec sa propre philosophie.

Le véganisme moderne

Évolution ou révolution du mode de consommation ? Et pourquoi pas les deux. Au niveau de l'alimentation, bien que le véganisme ne soit pas devenu le modèle le plus important du monde, sa progression est constante. Dû à ses origines anglaises, il n'est pas anodin de voir Londres être souvent primée du titre de ville la plus végane compatible. Mais la concurrence se fait de plus en plus rude à l'échelle mondiale. Car, si le véganisme originel proscrit tout ce qui est issu d'une forme de vie animale, ses influences sur les autres modes de consommation et d'alimentation n'en sont pas moins importantes. Rien qu'en France, le nombre de végétariens a augmenté, d'année en année, jusqu'à atteindre les 2.2 % de sa population nationale en 2022. Cela parait peu ? Mais le taux de flexitariens - mode de consommation raisonné - tutoie les 24 % dans l'Hexagone ! Et l'évolution du véganisme n'y est surement pas pour rien. Paris doublera peut-être Londres.

À l'échelle planétaire, 11 % de la population mondiale dit non à la viande. Soit respectivement près de 7 % de végétariens et 4 % de végans. Même si la route vers le véganisme global et planétaire s'annonce longue pour ses adeptes, l'influence d'un mode de vie qui dénonce les souffrances animales, la surexploitation de la nature et qui met en garde sur des questions de santé publique a provoqué une évolution des mœurs. Et demain, une révolution. Probablement.